juin 2011
"Kings of Shôgi" T1 par Katori et Andô
Le Shôgi est un " sport " extrêmement prisé au Japon. Entièrement basé sur la tactique, il pourrait être comparé aux échecs ou aux jeux de dames en Europe. De nombreux tournois annuels font se rencontrer de simples amateurs ainsi que des professionnels, les prix étant conséquents. L’engouement de ces parties silencieuses, où la tension psychologique est à son comble, sont bien éloignées du monde du poker pourtant aux enjeux si proches.
Le manga débute assez tragiquement, alors que Shion vient de voir ses parents assassinés sous ses yeux dans le petit appartement que la famille occupe. Shion, tout comme son père, est passionné par le jeu de Shôgi et il semblerait que le mobile du meurtrier soit lié à ce sport. Suite, à cet événement, Shion se renferme sur elle même et perd l’usage de la parole. Adoptée par ses voisins de palier, la famille Yasuoka (également maître Shôgi), elle se perfectionne rapidement dans la discipline. Sept ans plus tard, elle participe à des tournois pour à son tour passer professionnelle.
L’intrigue de ce manga est loin d’être complexe, mais plusieurs histoires s’enchevêtrent les unes dans les autres : le meurtre des parents de Shion ; le retour en grâce de son père adoptif ; la soif de pouvoir de la plupart des concurrentes ; l’énigmatique Ayumi dont le seul but est de récolter un maximum d’argent ; l’attitude étrange et hautaine de Hani, maître de Shôgi ; le sponsort, Digital Phone, qui ns’intéresse moins au Shôgi qu’à la publicité que cela pourrait lui rapporter…
Au travers des événements et de la construction narrative, on sent bien les tensions liées aux tournois et la mélancolie de Shion. Renfermée, mais extrêmement intelligente et tacticienne, elle ne communique plus que par le biais d’un carnet ou elle exprime ses pensées par écrit. Le manga, même si sa trame générale concerne le monde du Shôgi, ne se focalise pas que sur les différents tournois et la volonté de progresser des protagonistes. Leur environnement et les passages concernant leur vie extérieure donnent une dimension supplémentaire au récit, le rendant plus vivant et humain.
Si le dessin, classique, est réalisé par un débutant, Jiro Ando, le scénario est dû à Masaru Katori, une écrivaine reconnue et prolifique. Si elle maîtrise parfaitement la complexité du Shôgi et sait retranscrire clairement les différents tournois, c’est à cause de son passé de professionnel de la discipline.
Connue de son vrai nom, Naoko Hayashiba, elle abandonna la profession en 1995, suite à deux événements qui firent les choux gras des journaux à potin. " Confession ", un recueil de photo de nus sorti en 1994 alors qu’elle est âgée de 36 ans, ainsi qu’une liaison adultère avec Nakaharo Makoto Meijin eurent raison de sa passion. Et ce, malgré son professionnalisme et son implication depuis l’âge de 12 ans. Plutôt tourné vers le roman pour adolescente et le scénario de série TV, c’est avec ce manga qu’elle retrouve le succès en 2004. Publié jusqu’en 2008 dans le magazine seinen " Afternoon " (Kodansha), la série est ensuite compilée en huit volumes reliés. En 2007, une série d’animé de 22 épisodes produite par le Studio Deen en est tirée.
Cette édition française, quelque peu tardive, permet pourtant de se familiariser avec le jeu de Shôgi, sport quasiment inconnu en France. La traduction est bien documentée et le lecteur ne sera pas perdu avec des termes techniques non expliqués. Les parties sont assez courtes et l’intrigue n’étant pas basé exclusivement sur ces affrontements, il est facile d’apprécier l’histoire quelque soit son niveau de connaissance du Shôgi. Néanmoins, les amateurs, qui sont quand même deux mille licenciés en France, y trouveront un excellent divertissement permettant de mettre en pratique leur connaissance tactique. Pour le néophyte, il est bon de signaler qu’ils peuvent se cultiver en lisant les six pages d’explication clôturant ce manga ainsi que celle se trouvant entre les chapitres. Ces informations, ont été rédigé avec le concours de Fabien Osmont et Benjamin Briffaud, tous deux membres de la Fédération française de Shôgi. Il est néanmoins dommage de ne pas avoir francisé le titre, car dans la version originale, " Shion no Ô ", le Ô fait directement référence à la pièce maîtresse du jeu alors qu’ici, l’utilisation de l’anglais ne permet pas forcément de se rendre compte de cette subtilité.
" King of Shôgi " reste l’un des manga les plus intéressants sur le sujet car il est facilement accessible à un large panel de lecteur, ne se focalisant pas durant de longues pages sur des tournois de Shôgi interminables. Un pari ambitieux, mais somme toute bien réfléchi de la part de l’éditeur Pika.
Gwenaël JACQUET
" Kings of Shôgi " T1 par Masaru Katori et Jirô Andô Édition Pika (7,90 &euro
ISBN :978-2-8116-0470-7
Article paru à l’origine sur BDZoom.com
Le manga débute assez tragiquement, alors que Shion vient de voir ses parents assassinés sous ses yeux dans le petit appartement que la famille occupe. Shion, tout comme son père, est passionné par le jeu de Shôgi et il semblerait que le mobile du meurtrier soit lié à ce sport. Suite, à cet événement, Shion se renferme sur elle même et perd l’usage de la parole. Adoptée par ses voisins de palier, la famille Yasuoka (également maître Shôgi), elle se perfectionne rapidement dans la discipline. Sept ans plus tard, elle participe à des tournois pour à son tour passer professionnelle.
L’intrigue de ce manga est loin d’être complexe, mais plusieurs histoires s’enchevêtrent les unes dans les autres : le meurtre des parents de Shion ; le retour en grâce de son père adoptif ; la soif de pouvoir de la plupart des concurrentes ; l’énigmatique Ayumi dont le seul but est de récolter un maximum d’argent ; l’attitude étrange et hautaine de Hani, maître de Shôgi ; le sponsort, Digital Phone, qui ns’intéresse moins au Shôgi qu’à la publicité que cela pourrait lui rapporter…
Au travers des événements et de la construction narrative, on sent bien les tensions liées aux tournois et la mélancolie de Shion. Renfermée, mais extrêmement intelligente et tacticienne, elle ne communique plus que par le biais d’un carnet ou elle exprime ses pensées par écrit. Le manga, même si sa trame générale concerne le monde du Shôgi, ne se focalise pas que sur les différents tournois et la volonté de progresser des protagonistes. Leur environnement et les passages concernant leur vie extérieure donnent une dimension supplémentaire au récit, le rendant plus vivant et humain.
Si le dessin, classique, est réalisé par un débutant, Jiro Ando, le scénario est dû à Masaru Katori, une écrivaine reconnue et prolifique. Si elle maîtrise parfaitement la complexité du Shôgi et sait retranscrire clairement les différents tournois, c’est à cause de son passé de professionnel de la discipline.
Connue de son vrai nom, Naoko Hayashiba, elle abandonna la profession en 1995, suite à deux événements qui firent les choux gras des journaux à potin. " Confession ", un recueil de photo de nus sorti en 1994 alors qu’elle est âgée de 36 ans, ainsi qu’une liaison adultère avec Nakaharo Makoto Meijin eurent raison de sa passion. Et ce, malgré son professionnalisme et son implication depuis l’âge de 12 ans. Plutôt tourné vers le roman pour adolescente et le scénario de série TV, c’est avec ce manga qu’elle retrouve le succès en 2004. Publié jusqu’en 2008 dans le magazine seinen " Afternoon " (Kodansha), la série est ensuite compilée en huit volumes reliés. En 2007, une série d’animé de 22 épisodes produite par le Studio Deen en est tirée.
Cette édition française, quelque peu tardive, permet pourtant de se familiariser avec le jeu de Shôgi, sport quasiment inconnu en France. La traduction est bien documentée et le lecteur ne sera pas perdu avec des termes techniques non expliqués. Les parties sont assez courtes et l’intrigue n’étant pas basé exclusivement sur ces affrontements, il est facile d’apprécier l’histoire quelque soit son niveau de connaissance du Shôgi. Néanmoins, les amateurs, qui sont quand même deux mille licenciés en France, y trouveront un excellent divertissement permettant de mettre en pratique leur connaissance tactique. Pour le néophyte, il est bon de signaler qu’ils peuvent se cultiver en lisant les six pages d’explication clôturant ce manga ainsi que celle se trouvant entre les chapitres. Ces informations, ont été rédigé avec le concours de Fabien Osmont et Benjamin Briffaud, tous deux membres de la Fédération française de Shôgi. Il est néanmoins dommage de ne pas avoir francisé le titre, car dans la version originale, " Shion no Ô ", le Ô fait directement référence à la pièce maîtresse du jeu alors qu’ici, l’utilisation de l’anglais ne permet pas forcément de se rendre compte de cette subtilité.
" King of Shôgi " reste l’un des manga les plus intéressants sur le sujet car il est facilement accessible à un large panel de lecteur, ne se focalisant pas durant de longues pages sur des tournois de Shôgi interminables. Un pari ambitieux, mais somme toute bien réfléchi de la part de l’éditeur Pika.
Gwenaël JACQUET
" Kings of Shôgi " T1 par Masaru Katori et Jirô Andô Édition Pika (7,90 &euro
ISBN :978-2-8116-0470-7
Article paru à l’origine sur BDZoom.com
"Bride Stories" T1 par Kaoru Morie
L’éditeur Ki-oon est extrêmement productif et qualitatif cette année. Après nous avoir proposé des nouveautés telles que " Run Day Burst ", " The Innocent " ou " Amanchu ", il continue avec une série qui pourrait bien être un best-seller " Bride Stories " de Kaoru Mori. Ce manga hors norme aurait très bien eu sa place dans la rubrique voyage de BD Zoom tellement le titre est dépaysant. Il offre une vision de l’Asie centrale bien différente de ce que nous pouvons imaginer en tant qu’Occidentaux.
Il faut chasser pour se nourrir. Amir excelle dans cette tache. Deux doubles pages exceptionnelles au niveau composition, dynamisme et justesse du trait. © 2009 Kaoru Mori
Kaoru Morie est une jeune artiste connue en France pour son titre " Emma " sortie en 2007 chez Kurokawa (1). Aussi agréable à lire qu’à regarder, il fait néanmoins bien pale figure comparée à " Bride Stories ". Ce manga est captivant en tout point, que ce soit pour ses décors fabuleux, ses vêtements détaillés, ses personnages emblématiques et bien sur son histoire captivante et pleine de surprises.
Le village comporte ses artisans également. On suit ainsi la vie des différents protagonistes selon plsueiurs point de vue.© 2009 Kaoru Mori
Amir Hargal, jeune fille de 20 ans vient de faire un long voyage depuis son village natal afin de rencontrer son future marie, Karlux Eyhon, jeune homme de huit ans son cadet. Cet échange entre villages était courant dans un passé pas si lointain puisque l’histoire prend place au milieu du XIXe siècle. Amir se révélera être une excellente épouse. Doué dans de nombreux domaines et notamment la chasse ce qui est peu courant pour une femme. Elle est également attentionnée et son caractère fort lui permet de s’acclimater rapidement à sa nouvelle vie, loin de son village de naissance. Malheureusement, le clan d’Amir finit par changer d’avis. En effet, celle-ci devra être mariée à un autre clan qui offre des relations plus avantageuses avec sa famille. Mais la nouvelle famille d’Amir, notamment la doyenne, ne l’entend pas de cette oreille et refuse de la laisser partir.
Amir fait partie de la famille maintenant.© 2009 Kaoru Mori
Cette histoire révèle énormément de choses sur la condition des femmes dans cette partie du globe. De leur statut à part servant de monnaie d’échange, elles peuvent cependant se révéler extrêmement forte et ambitieuses au fil des années au point de devenir une maîtresse de maison respectée pour ses capacités et non son simple statut. Kaoru Morie nous explique dans la postface qu’elle s’est beaucoup documentée pour écrire cette histoire, et après avoir refermé ce premier tome, on ne peut absolument pas douter de son investissement personnel. Tout est minutieusement préparé et sonne juste, que ce soit au niveau des situations comme des détails matériels. Au départ, elle souhaitait simplement dessiner de beaux bijoux, de belles étoffes, des vêtements somptueux, des tapis resplendissants puis au fil des recherches et de la documentation emmagasinée, l’histoire de " Bride Stories " est née. Du coup, les vêtements d’Amir sont détaillés à l’extrême. Chaque broderie, chaque parure, chaque bijou sont dessinés avec un soin rare pour un manga. Mais toute l’énergie de Koru Morie ne passe pas que dans les détails vestimentaires d’Amir, les autres protagonistes, les décors, les bâtiments, les animaux sont également travaillés avec grand soin. Tout ce qui est présenté dans ce live a son importance et est traité de manière égale, avec une justesse rendant crédible chaque passage. Peu de shôjo ou de shonens ont ce souci du détail, en général, on retrouve cette finesse dans les mangas plus adultes à l’histoire plus torturée ou résolument destinée à un public mûr.
Seule scène de nudité partielle. Rien de bien choquant. Ce titre est réellement adapté à tous les publics. © 2009 Kaoru Mori
Ici, aucune scène équivoque, même s’il est question de mariage, d’enfant à naître et autre relation conjugale, tout est expliqué avec délicatesse sans voyeurisme, mais avec un naturel ne prêtant pas à polémique. L’histoire sait alterné les scènes dynamiques avec des moments plus paisibles, comme dans la vraie vie. Quand le besoin de se nourrir se fait sentir, Amir part chasser un Lapin, chevauchant les plaines et bandant son arc avec dextérité. S’en suivent la préparation du repas et le souper ou se retrouve toute la famille. Tranche de vie d’un quotidien inconnu pour nous citadins, mais encore bien réel pour de nombreuses peuplades. Quand il faut rendre visite à un parent proche resté nomade, c’est à cheval que le voyage se fait naturellement. C’est ce déroulé, tout en simplicité et ce témoignage empreint de réalisme qui rend ce manga captivant.
Scène de bonheur simple, s’occuper du troupeau, vivre en plein nature ... © 2009 Kaoru Mori
Amoureux de l’Asie traditionnelle, des histoires romantiques, des paysages à perte de vue, " Bride Stories " est fait pour vous. L’âme d’explorateur sommeillant en chacun de nous sera comblée par ce récit euphorisant, sortant des sentiers battus. Cure de joie et de bonne humeur en compagnie de gens simples, sachant vivre et apprécier leur quotidien : un grand bol d’aire pure.
Gwenaël JACQUET
" Bride Stories " T1 par Kaoru Morie
Édition Ki-oon (7,50&euro
(1) A l’occasion de Japan Expo du 30 juin au 3 juillet 2011, les éditions Ki-oon ont prévue une exposition de planches et d’illustrations originales de l’auteure. En parallèle, un reportage vidéo donnera des explications sur sa manière de réaliser une illustration du croquis préparatoire jusqu’au rendu final.
Article paru à l’origine sur BDZoom.com
Il faut chasser pour se nourrir. Amir excelle dans cette tache. Deux doubles pages exceptionnelles au niveau composition, dynamisme et justesse du trait. © 2009 Kaoru Mori
Kaoru Morie est une jeune artiste connue en France pour son titre " Emma " sortie en 2007 chez Kurokawa (1). Aussi agréable à lire qu’à regarder, il fait néanmoins bien pale figure comparée à " Bride Stories ". Ce manga est captivant en tout point, que ce soit pour ses décors fabuleux, ses vêtements détaillés, ses personnages emblématiques et bien sur son histoire captivante et pleine de surprises.
Le village comporte ses artisans également. On suit ainsi la vie des différents protagonistes selon plsueiurs point de vue.© 2009 Kaoru Mori
Amir Hargal, jeune fille de 20 ans vient de faire un long voyage depuis son village natal afin de rencontrer son future marie, Karlux Eyhon, jeune homme de huit ans son cadet. Cet échange entre villages était courant dans un passé pas si lointain puisque l’histoire prend place au milieu du XIXe siècle. Amir se révélera être une excellente épouse. Doué dans de nombreux domaines et notamment la chasse ce qui est peu courant pour une femme. Elle est également attentionnée et son caractère fort lui permet de s’acclimater rapidement à sa nouvelle vie, loin de son village de naissance. Malheureusement, le clan d’Amir finit par changer d’avis. En effet, celle-ci devra être mariée à un autre clan qui offre des relations plus avantageuses avec sa famille. Mais la nouvelle famille d’Amir, notamment la doyenne, ne l’entend pas de cette oreille et refuse de la laisser partir.
Amir fait partie de la famille maintenant.© 2009 Kaoru Mori
Cette histoire révèle énormément de choses sur la condition des femmes dans cette partie du globe. De leur statut à part servant de monnaie d’échange, elles peuvent cependant se révéler extrêmement forte et ambitieuses au fil des années au point de devenir une maîtresse de maison respectée pour ses capacités et non son simple statut. Kaoru Morie nous explique dans la postface qu’elle s’est beaucoup documentée pour écrire cette histoire, et après avoir refermé ce premier tome, on ne peut absolument pas douter de son investissement personnel. Tout est minutieusement préparé et sonne juste, que ce soit au niveau des situations comme des détails matériels. Au départ, elle souhaitait simplement dessiner de beaux bijoux, de belles étoffes, des vêtements somptueux, des tapis resplendissants puis au fil des recherches et de la documentation emmagasinée, l’histoire de " Bride Stories " est née. Du coup, les vêtements d’Amir sont détaillés à l’extrême. Chaque broderie, chaque parure, chaque bijou sont dessinés avec un soin rare pour un manga. Mais toute l’énergie de Koru Morie ne passe pas que dans les détails vestimentaires d’Amir, les autres protagonistes, les décors, les bâtiments, les animaux sont également travaillés avec grand soin. Tout ce qui est présenté dans ce live a son importance et est traité de manière égale, avec une justesse rendant crédible chaque passage. Peu de shôjo ou de shonens ont ce souci du détail, en général, on retrouve cette finesse dans les mangas plus adultes à l’histoire plus torturée ou résolument destinée à un public mûr.
Seule scène de nudité partielle. Rien de bien choquant. Ce titre est réellement adapté à tous les publics. © 2009 Kaoru Mori
Ici, aucune scène équivoque, même s’il est question de mariage, d’enfant à naître et autre relation conjugale, tout est expliqué avec délicatesse sans voyeurisme, mais avec un naturel ne prêtant pas à polémique. L’histoire sait alterné les scènes dynamiques avec des moments plus paisibles, comme dans la vraie vie. Quand le besoin de se nourrir se fait sentir, Amir part chasser un Lapin, chevauchant les plaines et bandant son arc avec dextérité. S’en suivent la préparation du repas et le souper ou se retrouve toute la famille. Tranche de vie d’un quotidien inconnu pour nous citadins, mais encore bien réel pour de nombreuses peuplades. Quand il faut rendre visite à un parent proche resté nomade, c’est à cheval que le voyage se fait naturellement. C’est ce déroulé, tout en simplicité et ce témoignage empreint de réalisme qui rend ce manga captivant.
Scène de bonheur simple, s’occuper du troupeau, vivre en plein nature ... © 2009 Kaoru Mori
Amoureux de l’Asie traditionnelle, des histoires romantiques, des paysages à perte de vue, " Bride Stories " est fait pour vous. L’âme d’explorateur sommeillant en chacun de nous sera comblée par ce récit euphorisant, sortant des sentiers battus. Cure de joie et de bonne humeur en compagnie de gens simples, sachant vivre et apprécier leur quotidien : un grand bol d’aire pure.
Gwenaël JACQUET
" Bride Stories " T1 par Kaoru Morie
Édition Ki-oon (7,50&euro
(1) A l’occasion de Japan Expo du 30 juin au 3 juillet 2011, les éditions Ki-oon ont prévue une exposition de planches et d’illustrations originales de l’auteure. En parallèle, un reportage vidéo donnera des explications sur sa manière de réaliser une illustration du croquis préparatoire jusqu’au rendu final.
Article paru à l’origine sur BDZoom.com
"Litchi Hikari Club" par Usamaru Furuya
Pilier du manga underground, Usamaru Furuya nous livre une vision bien outrancière de la jeunesse avec " Litchi Hikari Club " : huis-clos sanguinaire dans la mouvance Ero-Guro ou s’entremêle science-fiction, mécanique, apologie de la violence et embrigadement de la jeunesse décadente.
Usamaru Furuyama est un dessinateur prolifique aux styles multiples et qu’il accorde avec le sujet traité (" L’Âge de la déraison ", " Le Cercle du suicide ", " La Musique de Marie " chez Casterman ou " Tokyo Magnitude 8 " chez Panini). Ici, son dessin est noir et détaillé, mais reste froid dans sa composition et ses personnages sont stoïques. Il faut dire que l’histoire, adaptée d’une pièce de théâtre underground japonaise , se prête parfaitement à un rendu graphique de ce genre. Le " Litchi Hikari Club " n’est autre qu’un rassemblement banal de jeunes garçons qui se retrouvent dans un lieu secret afin de jouer dans un monde imaginaire. Mais le monde que s’est construit ce groupe d’amis va, dans la réalité, virer au massacre.
Esthétisme emprunté aux nazis, parole en allemand, torture, tout est prévu pour une mise en scène de la violence. © Usamaru Furuya - IMHO
Adepte de l’esthétique nazi, Zéra et sa bande vont commencer à malmener l’un de leurs camarades ne faisant pas partie de ce cercle fermé. Son seul tort a été de s’approcher un peu trop de cette usine désaffectée leur servant de repère. Du coup, chaque enfant du groupe va donner, tour à tour, son souhait en matière de torture afin de se débarrasser de ce gêneur : lui brûler les yeux, lui couper la bite, effectuer des expériences en le congelant et le réanimant, le lyncher ou même le chatouiller à mort... Avec ces suggestions, souvent puériles, il est facile de voir que ce ne sont encore que des enfants, mais qu’ils sont capables des pires atrocités et que cela reste un jeu.
Aucun respect des adultes, encore moins de leur professeur qui subira un sort funeste dans les pages suivantes. © Usamaru Furuya - IMHO
Le pire étant qu’une adulte a suivi la scène avec attention (leur professeur d’histoire). Cette belle jeune femme sera capturée, attachée et soumise à la vindicte de ces collégiens. Dans un premier temps, ils vont lui arracher ses vêtements et contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, ne vont pas se rincer l’œil devant ce corps d’adulte dénudé, mais vont immédiatement le conspuer en dénigrant ses seins hypertrophiés, son maquillage outrancier ou ses poils pubiens répugnants. Du coup, on comprend qu’il ne souhaite plus grandir et que, malheureusement, tout cela ne peut que mal finir, car il est évident qu’à leur tour ils deviendront adultes. Cette professeur(e) se retrouvera éventrée par un coup de couteau afin de lui extraire ses boyaux !
Le groupe ne trouve rien à redire à cet acte barbare, pensant juste qu’eux sont bien plus beaux à l’intérieur.
Mais ceci n’est vraiment que le début de l’histoire et la suite relève de la science-fiction. En effet, le but de de ce club bien étrange est de construire un humanoïde robot dont le let motiv sera de capturer de jolies jeunes filles. La particularité de cette machine est qu’elle fonctionne aux litchis. Sa programmation sera compliquée et au départ, elle ne ramènera pas les sujets qu’imaginaient ces garçons. À la cinquième tentative, elle reviendra avec Kanon, une jeune et jolie jeune fille qui, comme dans toute bonne tragédie qui se respecte, causera l’éclatement et la perte de ce groupe.
Mise en route de Litchi, la création robotisée de ce groupe d’ado. © Usamaru Furuya - IMHO
Ce manga de Usamaru Furuya est bien loin des productions mainstream que sortent la plupart des éditeurs en France. Il faut dire qu’IMHO est spécialisé dans ce genre de récit underground en publiant des oeuvres comme " Bambi " ou celles de Junko Mizuno (" Cinderalla ", " Pilou apprenti Gigolo "&hellip. Ce récit de plus de trois cent pages ne cible donc pas immédiatement les lecteurs traditionnels de mangas. Son traitement romancé et la densité de ce huis clos le destine principalement à des amateurs éclairés du genre, qu’il soit écrit ou visuel. Même si la force de cette histoire réside dans son scénario mettant en valeur le côté psychopathe de la jeunesse, l’esthétique dérangeante du graphisme en renforce son intérêt. Les protagonistes sont tous extrêmement bien habillés, leurs costumes d’écolier sont tirés à quatre épingles, mais une froideur se dégage de cette représentation pertinente de ce petit monde. L’attitude du leader, Zéra, renforce le mal-être qui nous envahit rapidement au fil des pages. Le trait fin, propre et parfaitement maîtrisé, accentue ce côté strict qui est souligné par l’ambiance industrielle du lieu et l’esthétique du troisième Reich omniprésente. Le texte, littéraire, renforce également le côté strict, froid et mécanique du récit, tout en captivant le lecteur.
Esthétisme et violence. © Usamaru Furuya - IMHO
À la base de " Litchi Hikari Club ", il y avait une pièce de théâtre créée par la troupe éphémère Tokyo Grand Guignol, au milieu des années quatre-vingt. Dans un long historique en fin de volume, l’auteur nous conte sa démarche artistique et pourquoi il a choisi d’adapter cette œuvre et les conditions de son écriture. Ce genre d’explication étant rare, elle est bienvenue ici, et IMHO a fait le bon choix de la traduire. Cela clôture parfaitement le récit et permet de repositionner l’histoire dans le contexte de l’époque, il y a vingt-cinq ans, alors que le manga ne date que de 2006.
Le réveil de Kanon marque le début d’une idylle entre le robot et la jeune fille. © Usamaru Furuya - IMHO
Fable apocalyptique, mélange de tragédie, de violence particulièrement gore et de science improbable, " Litchi Hikari Club " réinvente le mythe de " La Belle et la Bête " et de " Frankenstein " dans une esthétique érotico-violente : un pavé assurément destine à un public averti, déjà, un classique du genre.
Gwenaël JACQUET
" Litchi hikari club " par Usamaru Furuya
Édition IMHO (18&euro
Article paru à l’origine sur BDZoom.com
Usamaru Furuyama est un dessinateur prolifique aux styles multiples et qu’il accorde avec le sujet traité (" L’Âge de la déraison ", " Le Cercle du suicide ", " La Musique de Marie " chez Casterman ou " Tokyo Magnitude 8 " chez Panini). Ici, son dessin est noir et détaillé, mais reste froid dans sa composition et ses personnages sont stoïques. Il faut dire que l’histoire, adaptée d’une pièce de théâtre underground japonaise , se prête parfaitement à un rendu graphique de ce genre. Le " Litchi Hikari Club " n’est autre qu’un rassemblement banal de jeunes garçons qui se retrouvent dans un lieu secret afin de jouer dans un monde imaginaire. Mais le monde que s’est construit ce groupe d’amis va, dans la réalité, virer au massacre.
Esthétisme emprunté aux nazis, parole en allemand, torture, tout est prévu pour une mise en scène de la violence. © Usamaru Furuya - IMHO
Adepte de l’esthétique nazi, Zéra et sa bande vont commencer à malmener l’un de leurs camarades ne faisant pas partie de ce cercle fermé. Son seul tort a été de s’approcher un peu trop de cette usine désaffectée leur servant de repère. Du coup, chaque enfant du groupe va donner, tour à tour, son souhait en matière de torture afin de se débarrasser de ce gêneur : lui brûler les yeux, lui couper la bite, effectuer des expériences en le congelant et le réanimant, le lyncher ou même le chatouiller à mort... Avec ces suggestions, souvent puériles, il est facile de voir que ce ne sont encore que des enfants, mais qu’ils sont capables des pires atrocités et que cela reste un jeu.
Aucun respect des adultes, encore moins de leur professeur qui subira un sort funeste dans les pages suivantes. © Usamaru Furuya - IMHO
Le pire étant qu’une adulte a suivi la scène avec attention (leur professeur d’histoire). Cette belle jeune femme sera capturée, attachée et soumise à la vindicte de ces collégiens. Dans un premier temps, ils vont lui arracher ses vêtements et contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, ne vont pas se rincer l’œil devant ce corps d’adulte dénudé, mais vont immédiatement le conspuer en dénigrant ses seins hypertrophiés, son maquillage outrancier ou ses poils pubiens répugnants. Du coup, on comprend qu’il ne souhaite plus grandir et que, malheureusement, tout cela ne peut que mal finir, car il est évident qu’à leur tour ils deviendront adultes. Cette professeur(e) se retrouvera éventrée par un coup de couteau afin de lui extraire ses boyaux !
Le groupe ne trouve rien à redire à cet acte barbare, pensant juste qu’eux sont bien plus beaux à l’intérieur.
Mais ceci n’est vraiment que le début de l’histoire et la suite relève de la science-fiction. En effet, le but de de ce club bien étrange est de construire un humanoïde robot dont le let motiv sera de capturer de jolies jeunes filles. La particularité de cette machine est qu’elle fonctionne aux litchis. Sa programmation sera compliquée et au départ, elle ne ramènera pas les sujets qu’imaginaient ces garçons. À la cinquième tentative, elle reviendra avec Kanon, une jeune et jolie jeune fille qui, comme dans toute bonne tragédie qui se respecte, causera l’éclatement et la perte de ce groupe.
Mise en route de Litchi, la création robotisée de ce groupe d’ado. © Usamaru Furuya - IMHO
Ce manga de Usamaru Furuya est bien loin des productions mainstream que sortent la plupart des éditeurs en France. Il faut dire qu’IMHO est spécialisé dans ce genre de récit underground en publiant des oeuvres comme " Bambi " ou celles de Junko Mizuno (" Cinderalla ", " Pilou apprenti Gigolo "&hellip. Ce récit de plus de trois cent pages ne cible donc pas immédiatement les lecteurs traditionnels de mangas. Son traitement romancé et la densité de ce huis clos le destine principalement à des amateurs éclairés du genre, qu’il soit écrit ou visuel. Même si la force de cette histoire réside dans son scénario mettant en valeur le côté psychopathe de la jeunesse, l’esthétique dérangeante du graphisme en renforce son intérêt. Les protagonistes sont tous extrêmement bien habillés, leurs costumes d’écolier sont tirés à quatre épingles, mais une froideur se dégage de cette représentation pertinente de ce petit monde. L’attitude du leader, Zéra, renforce le mal-être qui nous envahit rapidement au fil des pages. Le trait fin, propre et parfaitement maîtrisé, accentue ce côté strict qui est souligné par l’ambiance industrielle du lieu et l’esthétique du troisième Reich omniprésente. Le texte, littéraire, renforce également le côté strict, froid et mécanique du récit, tout en captivant le lecteur.
Esthétisme et violence. © Usamaru Furuya - IMHO
À la base de " Litchi Hikari Club ", il y avait une pièce de théâtre créée par la troupe éphémère Tokyo Grand Guignol, au milieu des années quatre-vingt. Dans un long historique en fin de volume, l’auteur nous conte sa démarche artistique et pourquoi il a choisi d’adapter cette œuvre et les conditions de son écriture. Ce genre d’explication étant rare, elle est bienvenue ici, et IMHO a fait le bon choix de la traduire. Cela clôture parfaitement le récit et permet de repositionner l’histoire dans le contexte de l’époque, il y a vingt-cinq ans, alors que le manga ne date que de 2006.
Le réveil de Kanon marque le début d’une idylle entre le robot et la jeune fille. © Usamaru Furuya - IMHO
Fable apocalyptique, mélange de tragédie, de violence particulièrement gore et de science improbable, " Litchi Hikari Club " réinvente le mythe de " La Belle et la Bête " et de " Frankenstein " dans une esthétique érotico-violente : un pavé assurément destine à un public averti, déjà, un classique du genre.
Gwenaël JACQUET
" Litchi hikari club " par Usamaru Furuya
Édition IMHO (18&euro
Article paru à l’origine sur BDZoom.com
"Run Day Burst" T1 par Yuko Osada
Yuko Osada n’est pas un débutant. Il a déjà publié six mangas en France : " Magara ", " Gear Rally ", " Toto ", " La Légende de Raoh ", " C [si :] " et, enfin, " Run Day Burst ", " LE " titre qui risque lui offrir la popularité qu’il mérite, tellement il est accrocheur et déjanté.
Le véhicule, voilà le secret d’une course réussie. © Yuko Osada - Square Enix CO., LTD.
Pour un manga évoquant les courses mécaniques, déjanté est en effet un mot parfaitement adapté. On peut également dire, sans se tromper, que cette histoire démarre sur les chapeaux de roue ! Pas question de s’ennuyer en lisant " Run Day Burst ". Sous ce titre se cache la plus grande course automobile que le monde ait connu. Traversant la plupart des pays du globe, elle attire de nombreux participants plus ou moins fréquentables.
Barrel, le petit mécano aux talents aussi grand que son cœur. © Yuko Osada - Square Enix CO., LTD.
Le manga débute avec la présentation de Barrel : un jeune garçon bien sur lui, poli et serviable. Sa passion : la mécanique ! Il est capable de réparer tout ce qui nous entoure dans notre monde moderne : véhicule, radio, machine à laver, etc. Il mène une vie simple qui va être bouleversée par la rencontre avec deux jeunes adultes bien différents. En premier, Cylinder : une jeune policière extrêmement gentille qui va passer le reste de l’histoire à se dévêtir au moindre prétexte, de quoi remplir, allègrement, le coté fan service de ce manga. En second, Trigger : pilote d’élite qui vient pour participer à la " Run Day Burst ", mais qui se verra poursuivi par la police pour un délit mineur.
Trigger, le pilote chevronné. © Yuko Osada - Square Enix CO., LTD.
Trigger ayant eu son véhicule détruit dans la course-poursuite avec les forces de l’ordre, va trouver en Barrel un mécano hors pair. Il va l’embrigader dans la course en lui faisant miroiter un avenir grandiose et à la mesure de son talent. " Qu’est-ce que tu préfères : devenir le mécano d’un pilote de génie et partir à la conquête du monde … ou réparer des tas de ferraille toute ta vie et crever dans ce trou paumé ? "Le gamin, un peu naïf, mais conscient de l’enjeu, et surtout fier que la machine qu’il a construite en souvenir de son père fonctionne, acceptera de parcourir le monde, pour cette compétition de grande envergure. Cylinder sera bien évidemment, elle aussi, embarquée dans la course alors qu’elle a essayé de pourchasser le fugitif rencontré le matin même : lequel n’est autre que Trigger.
Fan service en pagaille avec Cylinder. Dès sa première scène, elle se retrouve sous la douche. © Yuko Osada - Square Enix CO., LTD.
" Run Day Burst " est l’archétype du scénario à succès avec son groupe de héros stéréotypés : un jeune naïf, une tête brûlée et une fille à la fois forte, mais qu’il faut protéger (la quête pouvant s’étaler sur de nombreux volumes : une course autour du monde ayant de nombreuses étapes), un méchant forcément sournois (mais souvent bête et maladroit), et une fan service permanent grâce à Cylinder qui se retrouve la plupart du temps " à poil ". C’est un peu la même recette qu’Akira Toriyama avait employé pour la première partie de " DragonBall ". Et vu le succès de ce manga, il est logique d’essayer de se placer à son niveau vingt ans après ! Graphiquement, Yuko Osada n’a rien à envier au maître Toriyama : son trait est particulièrement agréable et clair. Les dessins ne sont pas surchargés et la mise en scène rend parfaitement l’ambiance de l’histoire. Le cadrage est toujours bien choisi, alternant les plans larges et les plans serrés, ainsi que les plongées et contre-plongées. Bref, tout ce qu’il faut pour faire vivre un dessin et aider le lecteur à s’immerger dans l’aventure qui lui est proposée.
Obtenir des pièces de rechange n’est pas de tout repos. © Yuko Osada - Square Enix CO., LTD.
Ce shônen reste l’une des meilleures découvertes de cette année. Il y a quelque temps, je louais aussi les qualités d’" Amanchu ". Dans un style très différent, je peux en faire autant pour " Run Day Burst ". Seul point commun entre ces deux manga, leur éditeur : Ki-oon ! Sûrement l’un des meilleurs actuellement, du moins en ce qui concerne les nouveautés mangas et les différents styles d’histoires éditées.
Le modèle de Barrel. © Yuko Osada - Square Enix CO., LTD.
Gwenaël JACQUET
" Run Day Burst " T1 par Yuko Osada
Édition Ki-oon (6,50&euro
Article paru à l’origine sur BDZoom.com
Le véhicule, voilà le secret d’une course réussie. © Yuko Osada - Square Enix CO., LTD.
Pour un manga évoquant les courses mécaniques, déjanté est en effet un mot parfaitement adapté. On peut également dire, sans se tromper, que cette histoire démarre sur les chapeaux de roue ! Pas question de s’ennuyer en lisant " Run Day Burst ". Sous ce titre se cache la plus grande course automobile que le monde ait connu. Traversant la plupart des pays du globe, elle attire de nombreux participants plus ou moins fréquentables.
Barrel, le petit mécano aux talents aussi grand que son cœur. © Yuko Osada - Square Enix CO., LTD.
Le manga débute avec la présentation de Barrel : un jeune garçon bien sur lui, poli et serviable. Sa passion : la mécanique ! Il est capable de réparer tout ce qui nous entoure dans notre monde moderne : véhicule, radio, machine à laver, etc. Il mène une vie simple qui va être bouleversée par la rencontre avec deux jeunes adultes bien différents. En premier, Cylinder : une jeune policière extrêmement gentille qui va passer le reste de l’histoire à se dévêtir au moindre prétexte, de quoi remplir, allègrement, le coté fan service de ce manga. En second, Trigger : pilote d’élite qui vient pour participer à la " Run Day Burst ", mais qui se verra poursuivi par la police pour un délit mineur.
Trigger, le pilote chevronné. © Yuko Osada - Square Enix CO., LTD.
Trigger ayant eu son véhicule détruit dans la course-poursuite avec les forces de l’ordre, va trouver en Barrel un mécano hors pair. Il va l’embrigader dans la course en lui faisant miroiter un avenir grandiose et à la mesure de son talent. " Qu’est-ce que tu préfères : devenir le mécano d’un pilote de génie et partir à la conquête du monde … ou réparer des tas de ferraille toute ta vie et crever dans ce trou paumé ? "Le gamin, un peu naïf, mais conscient de l’enjeu, et surtout fier que la machine qu’il a construite en souvenir de son père fonctionne, acceptera de parcourir le monde, pour cette compétition de grande envergure. Cylinder sera bien évidemment, elle aussi, embarquée dans la course alors qu’elle a essayé de pourchasser le fugitif rencontré le matin même : lequel n’est autre que Trigger.
Fan service en pagaille avec Cylinder. Dès sa première scène, elle se retrouve sous la douche. © Yuko Osada - Square Enix CO., LTD.
" Run Day Burst " est l’archétype du scénario à succès avec son groupe de héros stéréotypés : un jeune naïf, une tête brûlée et une fille à la fois forte, mais qu’il faut protéger (la quête pouvant s’étaler sur de nombreux volumes : une course autour du monde ayant de nombreuses étapes), un méchant forcément sournois (mais souvent bête et maladroit), et une fan service permanent grâce à Cylinder qui se retrouve la plupart du temps " à poil ". C’est un peu la même recette qu’Akira Toriyama avait employé pour la première partie de " DragonBall ". Et vu le succès de ce manga, il est logique d’essayer de se placer à son niveau vingt ans après ! Graphiquement, Yuko Osada n’a rien à envier au maître Toriyama : son trait est particulièrement agréable et clair. Les dessins ne sont pas surchargés et la mise en scène rend parfaitement l’ambiance de l’histoire. Le cadrage est toujours bien choisi, alternant les plans larges et les plans serrés, ainsi que les plongées et contre-plongées. Bref, tout ce qu’il faut pour faire vivre un dessin et aider le lecteur à s’immerger dans l’aventure qui lui est proposée.
Obtenir des pièces de rechange n’est pas de tout repos. © Yuko Osada - Square Enix CO., LTD.
Ce shônen reste l’une des meilleures découvertes de cette année. Il y a quelque temps, je louais aussi les qualités d’" Amanchu ". Dans un style très différent, je peux en faire autant pour " Run Day Burst ". Seul point commun entre ces deux manga, leur éditeur : Ki-oon ! Sûrement l’un des meilleurs actuellement, du moins en ce qui concerne les nouveautés mangas et les différents styles d’histoires éditées.
Le modèle de Barrel. © Yuko Osada - Square Enix CO., LTD.
Gwenaël JACQUET
" Run Day Burst " T1 par Yuko Osada
Édition Ki-oon (6,50&euro
Article paru à l’origine sur BDZoom.com