"Litchi Hikari Club" par Usamaru Furuya
Pilier du manga underground, Usamaru Furuya nous livre une vision bien outrancière de la jeunesse avec " Litchi Hikari Club " : huis-clos sanguinaire dans la mouvance Ero-Guro ou s’entremêle science-fiction, mécanique, apologie de la violence et embrigadement de la jeunesse décadente.
Usamaru Furuyama est un dessinateur prolifique aux styles multiples et qu’il accorde avec le sujet traité (" L’Âge de la déraison ", " Le Cercle du suicide ", " La Musique de Marie " chez Casterman ou " Tokyo Magnitude 8 " chez Panini). Ici, son dessin est noir et détaillé, mais reste froid dans sa composition et ses personnages sont stoïques. Il faut dire que l’histoire, adaptée d’une pièce de théâtre underground japonaise , se prête parfaitement à un rendu graphique de ce genre. Le " Litchi Hikari Club " n’est autre qu’un rassemblement banal de jeunes garçons qui se retrouvent dans un lieu secret afin de jouer dans un monde imaginaire. Mais le monde que s’est construit ce groupe d’amis va, dans la réalité, virer au massacre.
Esthétisme emprunté aux nazis, parole en allemand, torture, tout est prévu pour une mise en scène de la violence. © Usamaru Furuya - IMHO
Adepte de l’esthétique nazi, Zéra et sa bande vont commencer à malmener l’un de leurs camarades ne faisant pas partie de ce cercle fermé. Son seul tort a été de s’approcher un peu trop de cette usine désaffectée leur servant de repère. Du coup, chaque enfant du groupe va donner, tour à tour, son souhait en matière de torture afin de se débarrasser de ce gêneur : lui brûler les yeux, lui couper la bite, effectuer des expériences en le congelant et le réanimant, le lyncher ou même le chatouiller à mort... Avec ces suggestions, souvent puériles, il est facile de voir que ce ne sont encore que des enfants, mais qu’ils sont capables des pires atrocités et que cela reste un jeu.
Aucun respect des adultes, encore moins de leur professeur qui subira un sort funeste dans les pages suivantes. © Usamaru Furuya - IMHO
Le pire étant qu’une adulte a suivi la scène avec attention (leur professeur d’histoire). Cette belle jeune femme sera capturée, attachée et soumise à la vindicte de ces collégiens. Dans un premier temps, ils vont lui arracher ses vêtements et contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, ne vont pas se rincer l’œil devant ce corps d’adulte dénudé, mais vont immédiatement le conspuer en dénigrant ses seins hypertrophiés, son maquillage outrancier ou ses poils pubiens répugnants. Du coup, on comprend qu’il ne souhaite plus grandir et que, malheureusement, tout cela ne peut que mal finir, car il est évident qu’à leur tour ils deviendront adultes. Cette professeur(e) se retrouvera éventrée par un coup de couteau afin de lui extraire ses boyaux !
Le groupe ne trouve rien à redire à cet acte barbare, pensant juste qu’eux sont bien plus beaux à l’intérieur.
Mais ceci n’est vraiment que le début de l’histoire et la suite relève de la science-fiction. En effet, le but de de ce club bien étrange est de construire un humanoïde robot dont le let motiv sera de capturer de jolies jeunes filles. La particularité de cette machine est qu’elle fonctionne aux litchis. Sa programmation sera compliquée et au départ, elle ne ramènera pas les sujets qu’imaginaient ces garçons. À la cinquième tentative, elle reviendra avec Kanon, une jeune et jolie jeune fille qui, comme dans toute bonne tragédie qui se respecte, causera l’éclatement et la perte de ce groupe.
Mise en route de Litchi, la création robotisée de ce groupe d’ado. © Usamaru Furuya - IMHO
Ce manga de Usamaru Furuya est bien loin des productions mainstream que sortent la plupart des éditeurs en France. Il faut dire qu’IMHO est spécialisé dans ce genre de récit underground en publiant des oeuvres comme " Bambi " ou celles de Junko Mizuno (" Cinderalla ", " Pilou apprenti Gigolo "&hellip. Ce récit de plus de trois cent pages ne cible donc pas immédiatement les lecteurs traditionnels de mangas. Son traitement romancé et la densité de ce huis clos le destine principalement à des amateurs éclairés du genre, qu’il soit écrit ou visuel. Même si la force de cette histoire réside dans son scénario mettant en valeur le côté psychopathe de la jeunesse, l’esthétique dérangeante du graphisme en renforce son intérêt. Les protagonistes sont tous extrêmement bien habillés, leurs costumes d’écolier sont tirés à quatre épingles, mais une froideur se dégage de cette représentation pertinente de ce petit monde. L’attitude du leader, Zéra, renforce le mal-être qui nous envahit rapidement au fil des pages. Le trait fin, propre et parfaitement maîtrisé, accentue ce côté strict qui est souligné par l’ambiance industrielle du lieu et l’esthétique du troisième Reich omniprésente. Le texte, littéraire, renforce également le côté strict, froid et mécanique du récit, tout en captivant le lecteur.
Esthétisme et violence. © Usamaru Furuya - IMHO
À la base de " Litchi Hikari Club ", il y avait une pièce de théâtre créée par la troupe éphémère Tokyo Grand Guignol, au milieu des années quatre-vingt. Dans un long historique en fin de volume, l’auteur nous conte sa démarche artistique et pourquoi il a choisi d’adapter cette œuvre et les conditions de son écriture. Ce genre d’explication étant rare, elle est bienvenue ici, et IMHO a fait le bon choix de la traduire. Cela clôture parfaitement le récit et permet de repositionner l’histoire dans le contexte de l’époque, il y a vingt-cinq ans, alors que le manga ne date que de 2006.
Le réveil de Kanon marque le début d’une idylle entre le robot et la jeune fille. © Usamaru Furuya - IMHO
Fable apocalyptique, mélange de tragédie, de violence particulièrement gore et de science improbable, " Litchi Hikari Club " réinvente le mythe de " La Belle et la Bête " et de " Frankenstein " dans une esthétique érotico-violente : un pavé assurément destine à un public averti, déjà, un classique du genre.
Gwenaël JACQUET
" Litchi hikari club " par Usamaru Furuya
Édition IMHO (18&euro
Article paru à l’origine sur BDZoom.com
Usamaru Furuyama est un dessinateur prolifique aux styles multiples et qu’il accorde avec le sujet traité (" L’Âge de la déraison ", " Le Cercle du suicide ", " La Musique de Marie " chez Casterman ou " Tokyo Magnitude 8 " chez Panini). Ici, son dessin est noir et détaillé, mais reste froid dans sa composition et ses personnages sont stoïques. Il faut dire que l’histoire, adaptée d’une pièce de théâtre underground japonaise , se prête parfaitement à un rendu graphique de ce genre. Le " Litchi Hikari Club " n’est autre qu’un rassemblement banal de jeunes garçons qui se retrouvent dans un lieu secret afin de jouer dans un monde imaginaire. Mais le monde que s’est construit ce groupe d’amis va, dans la réalité, virer au massacre.
Esthétisme emprunté aux nazis, parole en allemand, torture, tout est prévu pour une mise en scène de la violence. © Usamaru Furuya - IMHO
Adepte de l’esthétique nazi, Zéra et sa bande vont commencer à malmener l’un de leurs camarades ne faisant pas partie de ce cercle fermé. Son seul tort a été de s’approcher un peu trop de cette usine désaffectée leur servant de repère. Du coup, chaque enfant du groupe va donner, tour à tour, son souhait en matière de torture afin de se débarrasser de ce gêneur : lui brûler les yeux, lui couper la bite, effectuer des expériences en le congelant et le réanimant, le lyncher ou même le chatouiller à mort... Avec ces suggestions, souvent puériles, il est facile de voir que ce ne sont encore que des enfants, mais qu’ils sont capables des pires atrocités et que cela reste un jeu.
Aucun respect des adultes, encore moins de leur professeur qui subira un sort funeste dans les pages suivantes. © Usamaru Furuya - IMHO
Le pire étant qu’une adulte a suivi la scène avec attention (leur professeur d’histoire). Cette belle jeune femme sera capturée, attachée et soumise à la vindicte de ces collégiens. Dans un premier temps, ils vont lui arracher ses vêtements et contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, ne vont pas se rincer l’œil devant ce corps d’adulte dénudé, mais vont immédiatement le conspuer en dénigrant ses seins hypertrophiés, son maquillage outrancier ou ses poils pubiens répugnants. Du coup, on comprend qu’il ne souhaite plus grandir et que, malheureusement, tout cela ne peut que mal finir, car il est évident qu’à leur tour ils deviendront adultes. Cette professeur(e) se retrouvera éventrée par un coup de couteau afin de lui extraire ses boyaux !
Le groupe ne trouve rien à redire à cet acte barbare, pensant juste qu’eux sont bien plus beaux à l’intérieur.
Mais ceci n’est vraiment que le début de l’histoire et la suite relève de la science-fiction. En effet, le but de de ce club bien étrange est de construire un humanoïde robot dont le let motiv sera de capturer de jolies jeunes filles. La particularité de cette machine est qu’elle fonctionne aux litchis. Sa programmation sera compliquée et au départ, elle ne ramènera pas les sujets qu’imaginaient ces garçons. À la cinquième tentative, elle reviendra avec Kanon, une jeune et jolie jeune fille qui, comme dans toute bonne tragédie qui se respecte, causera l’éclatement et la perte de ce groupe.
Mise en route de Litchi, la création robotisée de ce groupe d’ado. © Usamaru Furuya - IMHO
Ce manga de Usamaru Furuya est bien loin des productions mainstream que sortent la plupart des éditeurs en France. Il faut dire qu’IMHO est spécialisé dans ce genre de récit underground en publiant des oeuvres comme " Bambi " ou celles de Junko Mizuno (" Cinderalla ", " Pilou apprenti Gigolo "&hellip. Ce récit de plus de trois cent pages ne cible donc pas immédiatement les lecteurs traditionnels de mangas. Son traitement romancé et la densité de ce huis clos le destine principalement à des amateurs éclairés du genre, qu’il soit écrit ou visuel. Même si la force de cette histoire réside dans son scénario mettant en valeur le côté psychopathe de la jeunesse, l’esthétique dérangeante du graphisme en renforce son intérêt. Les protagonistes sont tous extrêmement bien habillés, leurs costumes d’écolier sont tirés à quatre épingles, mais une froideur se dégage de cette représentation pertinente de ce petit monde. L’attitude du leader, Zéra, renforce le mal-être qui nous envahit rapidement au fil des pages. Le trait fin, propre et parfaitement maîtrisé, accentue ce côté strict qui est souligné par l’ambiance industrielle du lieu et l’esthétique du troisième Reich omniprésente. Le texte, littéraire, renforce également le côté strict, froid et mécanique du récit, tout en captivant le lecteur.
Esthétisme et violence. © Usamaru Furuya - IMHO
À la base de " Litchi Hikari Club ", il y avait une pièce de théâtre créée par la troupe éphémère Tokyo Grand Guignol, au milieu des années quatre-vingt. Dans un long historique en fin de volume, l’auteur nous conte sa démarche artistique et pourquoi il a choisi d’adapter cette œuvre et les conditions de son écriture. Ce genre d’explication étant rare, elle est bienvenue ici, et IMHO a fait le bon choix de la traduire. Cela clôture parfaitement le récit et permet de repositionner l’histoire dans le contexte de l’époque, il y a vingt-cinq ans, alors que le manga ne date que de 2006.
Le réveil de Kanon marque le début d’une idylle entre le robot et la jeune fille. © Usamaru Furuya - IMHO
Fable apocalyptique, mélange de tragédie, de violence particulièrement gore et de science improbable, " Litchi Hikari Club " réinvente le mythe de " La Belle et la Bête " et de " Frankenstein " dans une esthétique érotico-violente : un pavé assurément destine à un public averti, déjà, un classique du genre.
Gwenaël JACQUET
" Litchi hikari club " par Usamaru Furuya
Édition IMHO (18&euro
Article paru à l’origine sur BDZoom.com