"Summer Wars" par Iqura Sugimoto
Adapté du long métrage du même nom, le manga " Summer Wars " prend néanmoins une certaine liberté par rapport au scénario original. Et c’est tant mieux, car il se trouve être plus agréable qu’une simple adaptation rébarbative. Choisi, en personne, par le réalisateur Mamoru Hosoda, le dessinateur du manga, Iqura Sugimoto, a pris ses distances par rapport au film et a ainsi pu rajouter certains passages impossibles à placer dans le long métrage du fait de sa durée limitée, comme cela est indiqué en postface du livre.
Si Mamoru Hosada est assez connu à travers le monde, c’est avant tout pour son excellent film " La Traversée du temps ". " Summer Wars " est son cinquième long métrage. Avant cela, il n’avait travaillé que sur des adaptations cinématographiques de série TV comme le sixième film de " One Piece " et les deux premiers films de " Digimon "(1). Du coup, cela se ressent clairement dans " Summer Wars ", le scénario du film est bien adapté à un public jeune, adepte de scènes d’action et sensible aux valeurs morales de la famille. Même si, techniquement, il est intéressant, l’histoire basée sur des poncifs tombe un peu à plat et les rebondissements ne surprendront que peu de spectateurs.
Première planche du manga © Mamoru Hosada - Iqura Sugimoto - Kadokawa Shoten - Kaze
Si, en 1983, " War Games " faisait son petit effet en montrant un très jeune informaticien prendre le contrôle de la planète à partir du réseau, aujourd’hui, cela semble un peu surfait. Même si Facebook, Second Life, Habbo, Twitter et autre réseaux sociaux envahissent notre monde virtuel et s’interconnectent de plus en plus entre eux, aucun n’a la prétention de se substituer à la vie physique en remplaçant chaque humain par un avatar. C’est pourtant le principe de départ du scénario de " Summer Wars " : OZ, le réseau des réseaux, interconnecte chaque humain, chaque administration, chaque commerce dans le monde. Il traduit à la volée les dialogues, offre un espace virtuel pour faire des démarches administratives bien réelles, permet de faire du shopping, du sport, des rencontres et bien d’autres activités sans lever le nez de son écran ; que ce soit, celui de l’ordinateur, du téléphone ou de la console de jeu dernier cri : une vision un peu schizophrène du monde informatique, pourtant présenté de manière idyllique.
Deux visons d’OZ © Mamoru Hosada - Iqura Sugimoto - Kadokawa Shoten - Kaze
Le manga contrairement au film ne commence pas par la présentation d’OZ. Il parle d’abord de la complexité des rapports humains en montrant l’attirance du héros, Kenji, pour sa camarade de classe : Natsuki. Bien sûr, l’histoire reprend les mêmes bases, mais en mettant l’accent sur les personnages, en les rendant humains. Le lecteur découvrira réellement OZ, au fur et à mesure. Ces différences sont logiques, Igura Sugimoto a commencé à travailler sur son œuvre alors que le film n’était pas encore finalisé.
© Mamoru Hosada - Iqura Sugimoto - Kadokawa Shoten - Kaze
Kenji, jeune nerd peu sur de lui, est embauché par Natsuki : la fille la plus populaire du lycée, laquelle a un caractère bien trempé. Il doit l’accompagner, à la campagne, pour jouer le rôle de son petit ami lors de l’anniversaire de sa grand-mère. Bien évidemment, Kenji s’est fait manipulé sur ce coup, il n’était pas au courant du rôle qui lui était demandé. Tout comme il s’est fait manipuler en recevant un courriel avec un problème de mathématique insoluble pour le commun des mortels. Sauf que Kenji est un crack en math et que, en une nuit, il réussira à résoudre l’équation... Ce qu’il ne sait pas, c’est que le code qu’il a renvoyé permettra à une entité virtuelle de prendre le contrôle d’OZ et, donc, de plonger le monde réel dans une pagaille monstre. Kenji est réellement le stéréotype du nerd, de l’otaku, extrêmement intelligent, mais renfermé et incapable de réagir au monde qui l’entoure.
Illustration typique du nerd en action. © Mamoru Hosada - Iqura Sugimoto - Kadokawa Shoten - Kaze
Iqura Sugimoto, le dessinateur du manga " Summer Wars " n’est pas un inconnu en France. Il a déjà publié " Variante " chez Glenat, en 2008(2).
Manga beaucoup plus violent et destiné à un public averti, contrairement à cette adaptation d’un animé tous public. Le dessin est également différent puisque basé sur les travaux préparatoires de Yoshiyuki Sadamoto, character designer extrêmement célèbre pour la création des personnages de " Nadia ", " Evangelion " et, bien évidement, ceux de " La Traversée du temps". Néanmoins, on retrouve la dynamique du trait de Sugimoto : ses personnages sont expressifs et la mise en page dynamique. Un vrai plaisir pour les yeux ! La gestion de l’espace et la mise en scène des différents protagonistes sont parfaitement gérées. On s’attache vite à ces nombreux personnages et à leurs différences de caractère, ce qui offre un bon moyen de varier le cours des choses et de relancer l’intrigue. Les situations sont un peu stéréotypées, mais c’est un classique de la bande dessinée, et pas seulement japonaise. Prévu en trois volumes, le premier se termine inévitablement sur un énorme clifhanger.
Double planche d’introduction du manga © Mamoru Hosada - Iqura Sugimoto - Kadokawa Shoten - Kaze
À savoir pour les collectionneurs, cette première édition de " Summer Wars ", tirée à 10 000 exemplaires quand même, est présentée avec une jaquette plastique reprenant le visuel des avatars d’OZ. Si le manga est réédité, elle ne sera pas présente. Bien entendu, la jaquette normale est cachée en dessous. Je dois dire que je la trouve bien plus attrayante grâce à un superbe dessin mis en couleur à l’aquarelle.
Version collector à gauche, jaquette normale à droite.© Mamoru Hosada - Iqura Sugimoto - Kadokawa Shoten - Kaze
" Summer Wars " reste un bon manga, même si son scénario original n’est pas très captivant. Néanmoins, cette version reste bien au dessus du film de Mamoru Hosoda, car Iqura Sugimoto a su rattraper par son dessin, et par sa construction narrative, la plupart des écueils dans lesquels le réalisateur était tombé. Même si vous n’avez pas aimé le film, plongez-vous dans le manga : vous serez surpris.
© Mamoru Hosada - Iqura Sugimoto - Kadokawa Shoten - Kaze
Les premières pages sont en lecture libre sur le site de Kaze : http://preview.kaze-manga.fr/flash/omv/index.php ?x=sum/sum1
Gwenaël JACQUET
" Summer Wars " par Iqura Sugimoto Éditions Kazé manga (7,50&euro
(1) Mamoru Hosada commence sa carrière comme intervaliste sur la série " Magical Tarurūto-kun ", de 1991 à 1992. En 1993, il passe animateur sur l’épisode 5 de la série d’OVA de " Crying Freeman ". Rôle qu’il reprendra pour la série d’OVA de " Kamen Rider SD ", la même année ; il enchaîne ensuite avec l’épisode 173, et avec le huitième film de " Dragonball ". Il devient assistant à la direction d’animation sur le film " Coo : Tōi Umi Kara Kita Coo ", à la fin de l’année 1993. Il continuera comme animateur sur des séries comme " Slam Dunk " (épisode 28 en 1994 et 70 en 1995), le premier long métrage de " Yu Yu Hakusho " ou le dixième film de " Dragonball ". En 1995, il continue avec les épisodes 1 et 7 de " Okinjo ", puis dirige les épisodes 27, 33 et 37 de " Jūni Senshi Bakuretsu Eto Ranger ". Il repasse animateur en 1996 sur l’épisode 173 de " Sailor Moon" , le dix-septième film de " Dragon Ball Z " et le premier film de " Gegege no Kitaro ". À partir de 1996, il sera directeur des épisodes 8, 18, 24, 29, 40 et 43 pour " Rurouni Kenshin ". C’est avec l’épisode 29 de " Utena ", en 1997, qu’il devient scénariste. Sur cette série il s’occupera également du storyboard des épisodes 7, 14, 20, 23, 29, 33 et 39 et de l’animation des épisodes 7, 18 et 23. Il continuera la fonction de storyboarder sur " Gegege no Kitaro " avec les épisodes 94, 105 et 113 de 1997. Passé animateur sur le film " Galaxy Express 999 : Eternal Fantasy ", en 1998, il fera le storyboard des épisodes 6, 14, 20 et 30 de la série " Himitsu no Akko-chan ", la même année. En 1999, il est aussi le storyboarder sur les épisodes 20 et 22 de " Tenshi ni Narumon " et sur l’épisode 21 de " Digimon Adventure " ; ceci avant d’entamer une carrière de réalisateur de long métrage avec le premier film de " Digimon ", suivi du second, dès l’année suivante. En 2002, il reprend la place de storyboarder sur les épisodes 40 et 49 de " Magical Dorémi ", puis sur les épisodes 5, 12 et 26 de " Nadja ", en 2003. Il fait un break en réalisant une publicité pour Louis Vuitton, " Superflat monogram " et, en 2004, il s’occupe du storyboard de l’épisode 199 de " One Piece ", avant d’en réaliser le sixième film en 2005. 2006 c’est l’année de la réalisation de " La Traversée du temps " et 2009 celle de " Summer Wars ".
(2) Un autre manga de cet auteur sera disponible 2011, " A lollypop or a bullet ". Tirée d’un roman de Kazuki Sakuraba, la série comporte deux volumes et sera éditée par Glenat, en février et avril 2011.
Article paru à l’origine sur BDZoom.com
Si Mamoru Hosada est assez connu à travers le monde, c’est avant tout pour son excellent film " La Traversée du temps ". " Summer Wars " est son cinquième long métrage. Avant cela, il n’avait travaillé que sur des adaptations cinématographiques de série TV comme le sixième film de " One Piece " et les deux premiers films de " Digimon "(1). Du coup, cela se ressent clairement dans " Summer Wars ", le scénario du film est bien adapté à un public jeune, adepte de scènes d’action et sensible aux valeurs morales de la famille. Même si, techniquement, il est intéressant, l’histoire basée sur des poncifs tombe un peu à plat et les rebondissements ne surprendront que peu de spectateurs.
Première planche du manga © Mamoru Hosada - Iqura Sugimoto - Kadokawa Shoten - Kaze
Si, en 1983, " War Games " faisait son petit effet en montrant un très jeune informaticien prendre le contrôle de la planète à partir du réseau, aujourd’hui, cela semble un peu surfait. Même si Facebook, Second Life, Habbo, Twitter et autre réseaux sociaux envahissent notre monde virtuel et s’interconnectent de plus en plus entre eux, aucun n’a la prétention de se substituer à la vie physique en remplaçant chaque humain par un avatar. C’est pourtant le principe de départ du scénario de " Summer Wars " : OZ, le réseau des réseaux, interconnecte chaque humain, chaque administration, chaque commerce dans le monde. Il traduit à la volée les dialogues, offre un espace virtuel pour faire des démarches administratives bien réelles, permet de faire du shopping, du sport, des rencontres et bien d’autres activités sans lever le nez de son écran ; que ce soit, celui de l’ordinateur, du téléphone ou de la console de jeu dernier cri : une vision un peu schizophrène du monde informatique, pourtant présenté de manière idyllique.
Deux visons d’OZ © Mamoru Hosada - Iqura Sugimoto - Kadokawa Shoten - Kaze
Le manga contrairement au film ne commence pas par la présentation d’OZ. Il parle d’abord de la complexité des rapports humains en montrant l’attirance du héros, Kenji, pour sa camarade de classe : Natsuki. Bien sûr, l’histoire reprend les mêmes bases, mais en mettant l’accent sur les personnages, en les rendant humains. Le lecteur découvrira réellement OZ, au fur et à mesure. Ces différences sont logiques, Igura Sugimoto a commencé à travailler sur son œuvre alors que le film n’était pas encore finalisé.
© Mamoru Hosada - Iqura Sugimoto - Kadokawa Shoten - Kaze
Kenji, jeune nerd peu sur de lui, est embauché par Natsuki : la fille la plus populaire du lycée, laquelle a un caractère bien trempé. Il doit l’accompagner, à la campagne, pour jouer le rôle de son petit ami lors de l’anniversaire de sa grand-mère. Bien évidemment, Kenji s’est fait manipulé sur ce coup, il n’était pas au courant du rôle qui lui était demandé. Tout comme il s’est fait manipuler en recevant un courriel avec un problème de mathématique insoluble pour le commun des mortels. Sauf que Kenji est un crack en math et que, en une nuit, il réussira à résoudre l’équation... Ce qu’il ne sait pas, c’est que le code qu’il a renvoyé permettra à une entité virtuelle de prendre le contrôle d’OZ et, donc, de plonger le monde réel dans une pagaille monstre. Kenji est réellement le stéréotype du nerd, de l’otaku, extrêmement intelligent, mais renfermé et incapable de réagir au monde qui l’entoure.
Illustration typique du nerd en action. © Mamoru Hosada - Iqura Sugimoto - Kadokawa Shoten - Kaze
Iqura Sugimoto, le dessinateur du manga " Summer Wars " n’est pas un inconnu en France. Il a déjà publié " Variante " chez Glenat, en 2008(2).
Manga beaucoup plus violent et destiné à un public averti, contrairement à cette adaptation d’un animé tous public. Le dessin est également différent puisque basé sur les travaux préparatoires de Yoshiyuki Sadamoto, character designer extrêmement célèbre pour la création des personnages de " Nadia ", " Evangelion " et, bien évidement, ceux de " La Traversée du temps". Néanmoins, on retrouve la dynamique du trait de Sugimoto : ses personnages sont expressifs et la mise en page dynamique. Un vrai plaisir pour les yeux ! La gestion de l’espace et la mise en scène des différents protagonistes sont parfaitement gérées. On s’attache vite à ces nombreux personnages et à leurs différences de caractère, ce qui offre un bon moyen de varier le cours des choses et de relancer l’intrigue. Les situations sont un peu stéréotypées, mais c’est un classique de la bande dessinée, et pas seulement japonaise. Prévu en trois volumes, le premier se termine inévitablement sur un énorme clifhanger.
Double planche d’introduction du manga © Mamoru Hosada - Iqura Sugimoto - Kadokawa Shoten - Kaze
À savoir pour les collectionneurs, cette première édition de " Summer Wars ", tirée à 10 000 exemplaires quand même, est présentée avec une jaquette plastique reprenant le visuel des avatars d’OZ. Si le manga est réédité, elle ne sera pas présente. Bien entendu, la jaquette normale est cachée en dessous. Je dois dire que je la trouve bien plus attrayante grâce à un superbe dessin mis en couleur à l’aquarelle.
Version collector à gauche, jaquette normale à droite.© Mamoru Hosada - Iqura Sugimoto - Kadokawa Shoten - Kaze
" Summer Wars " reste un bon manga, même si son scénario original n’est pas très captivant. Néanmoins, cette version reste bien au dessus du film de Mamoru Hosoda, car Iqura Sugimoto a su rattraper par son dessin, et par sa construction narrative, la plupart des écueils dans lesquels le réalisateur était tombé. Même si vous n’avez pas aimé le film, plongez-vous dans le manga : vous serez surpris.
© Mamoru Hosada - Iqura Sugimoto - Kadokawa Shoten - Kaze
Les premières pages sont en lecture libre sur le site de Kaze : http://preview.kaze-manga.fr/flash/omv/index.php ?x=sum/sum1
Gwenaël JACQUET
" Summer Wars " par Iqura Sugimoto Éditions Kazé manga (7,50&euro
(1) Mamoru Hosada commence sa carrière comme intervaliste sur la série " Magical Tarurūto-kun ", de 1991 à 1992. En 1993, il passe animateur sur l’épisode 5 de la série d’OVA de " Crying Freeman ". Rôle qu’il reprendra pour la série d’OVA de " Kamen Rider SD ", la même année ; il enchaîne ensuite avec l’épisode 173, et avec le huitième film de " Dragonball ". Il devient assistant à la direction d’animation sur le film " Coo : Tōi Umi Kara Kita Coo ", à la fin de l’année 1993. Il continuera comme animateur sur des séries comme " Slam Dunk " (épisode 28 en 1994 et 70 en 1995), le premier long métrage de " Yu Yu Hakusho " ou le dixième film de " Dragonball ". En 1995, il continue avec les épisodes 1 et 7 de " Okinjo ", puis dirige les épisodes 27, 33 et 37 de " Jūni Senshi Bakuretsu Eto Ranger ". Il repasse animateur en 1996 sur l’épisode 173 de " Sailor Moon" , le dix-septième film de " Dragon Ball Z " et le premier film de " Gegege no Kitaro ". À partir de 1996, il sera directeur des épisodes 8, 18, 24, 29, 40 et 43 pour " Rurouni Kenshin ". C’est avec l’épisode 29 de " Utena ", en 1997, qu’il devient scénariste. Sur cette série il s’occupera également du storyboard des épisodes 7, 14, 20, 23, 29, 33 et 39 et de l’animation des épisodes 7, 18 et 23. Il continuera la fonction de storyboarder sur " Gegege no Kitaro " avec les épisodes 94, 105 et 113 de 1997. Passé animateur sur le film " Galaxy Express 999 : Eternal Fantasy ", en 1998, il fera le storyboard des épisodes 6, 14, 20 et 30 de la série " Himitsu no Akko-chan ", la même année. En 1999, il est aussi le storyboarder sur les épisodes 20 et 22 de " Tenshi ni Narumon " et sur l’épisode 21 de " Digimon Adventure " ; ceci avant d’entamer une carrière de réalisateur de long métrage avec le premier film de " Digimon ", suivi du second, dès l’année suivante. En 2002, il reprend la place de storyboarder sur les épisodes 40 et 49 de " Magical Dorémi ", puis sur les épisodes 5, 12 et 26 de " Nadja ", en 2003. Il fait un break en réalisant une publicité pour Louis Vuitton, " Superflat monogram " et, en 2004, il s’occupe du storyboard de l’épisode 199 de " One Piece ", avant d’en réaliser le sixième film en 2005. 2006 c’est l’année de la réalisation de " La Traversée du temps " et 2009 celle de " Summer Wars ".
(2) Un autre manga de cet auteur sera disponible 2011, " A lollypop or a bullet ". Tirée d’un roman de Kazuki Sakuraba, la série comporte deux volumes et sera éditée par Glenat, en février et avril 2011.
Article paru à l’origine sur BDZoom.com